Infinitif, formes en -ant, participe passé

Les formes verbales non conjuguées ont deux traits communs essentiels :
-   morphologiquement, elles ignorent la flexion personnelle
-   sémantiquement elles sont étrangères à l’expression de temporalité d’époque (passé, présent, avenir) et ont simplement aptitude à traduire des distinctions aspectuelles

1) l’infinitif

On distingue deux types d’infinitifs :
-   faibles (-r) sauf aller et ester Ex : -er, -ir, -oir
-   forts (-re) Ex : querre, estre, mettre, vivre, courre

a.    pour certains verbes, la base forte s’impose à la base faible
        Ex : amer à aimer / proier à prier
b.     d’autres vont hésiter entre plusieurs infinitifs
        Ex : remanoir, remaindre

Trois emplois de l’infinitif :
-   emploi substantivé Ex : li baisiers de la pucele
Les infinitifs substantivés se déclinent au même titre que les noms masculins. 
Ex : li mangiers / le mangier / li mangier / les mangiers
-   l’emploi nominal (prend les fonctions du substantif mais pas sa morphologie)
-   l’emploi verbal

2) le participe présent et le gérondif (« les formes en –ant »)

Le participe présent suit les règles d’accord, tandis que le gérondif, correspondant à des formes latines invariables, est invariable comme elles.
Ex : Chantanz, part. prés. (lat. *cantantis) ; chantant, gérondif (lat. cantando)

L’ancienne langue avait une conjugaison périphrastique formée du verbe être suivi d’un participe présent.
Ex : il est fuianz, il est coranz, il est aidanz, il est chantanz, c’est-à-dire il fuit, il court, il aide, il chante, avec la distinction de l’état et de l’action.

Mais une tournure encore plus fréquente était l’emploi des verbes aller, venir (et de quelques autres verbes de mouvement) suivis d’un gérondif.
Ex : Car chevalchiez ; por qu’alez arrestant ? (Rol., 1780.)
        Chevauchez donc ; pourquoi vous arrêtez-vous ?

Le gérondif peut être précédé de la préposition en, comme dans la langue moderne : en riant, en plorant. Il peut aussi être précédé d’autres prépositions.
Ex : Li deffendi sor les membres perdant. (Huon de Bordeaux, 4646.) Je le lui défendis sous peine de perdre ses membres.

Trois emplois des formes en –ant
-   emploi adjectivo-participial, qui varie suivant la flexion des adjectifs épicènes
Ex : uns hom avenanz/movant
-   emploi adverbial du gérondif : dans cet emploi, la forme est toujours invariable et exerce des fonctions circonstancielles
-   emploi verbal (la forme en –ant est alors noyau verbal de la proposition)

3) le participe passé

-   PP faible (accentué sur la désinence)
1.     en –é (ou –ié) : amé, jugié
2.     en –i : dormi, combati, oï
3.     en –u : eü, seü, valu

-   PP fort (accentué à gauche de la désinence et à finale consonantique)
Ex : dit, fait, mort, trait, tort, remés.

Et les accords avec le verbe avoir ?
La règle de l’accord du participe passé en ancien français peut se résumer ainsi : « L’ancienne langue peut à volonté faire accorder ou ne pas accorder le participe passé construit avec avoir et son régime, que celui-ci le suive ou le précède. »

Ordinairement cependant le participe s’accorde, que le régime direct précède — ce qui arrive plus souvent que dans la langue moderne — ou qu’il suive.

Souvent aussi l’accord ne se fait pas. On peut alors considérer le participe comme un neutre, qui marque simplement l’idée exprimée par le verbe au passé, et qui forme un tout avec l’auxiliaire, qui, lui, marque la personne et le nombre.

Deux emplois du participe passé :
-   emploi adjectival : le PP fonctionne comme un adjectif caractérisant un nom, avec accord en genre, nombre et cas. Fonctionnellement, il peut être épithète, attribut ou apposé. Par dérivation sont engendrés des emplois substantivaux. (T1)
-   Emploi verbal


…………………………
Auteur : G. Pascault
Articles connexes :